Bien choisir son matériel

Publié le 10 octobre 2009 par Renaud

Je dois l’avouer, je suis autant un passionné de pêche qu’un passionné de matériel de pêche. Tous les aspects sont passionnants, mais surtout le matériel permet de prolonger les rares moments au bord de l’eau jusqu'à la maison. Certains voient ça comme de la masturbation intellectuelle ou une sorte de fantasme pour ceux qui passent plus de temps devant l’ordi qu’au bord de l’eau. Et alors, c’est honteux ? On n’a pas tous la chance d’être fonctionnaire ou guide de pêche, les moments sur l’eau sont rares et les faire durer un peu n’est pas interdit que je sache !

Le matériel coûte cher, et le choix est très vaste. C’est le but de ce blog que de tenter d’apporter des éléments de réponse pour que chaque achat soit judicieux et au final dépenser moins en ayant le meilleur matériel possible. Là aussi, certains préambules sont nécessaires. On entend souvent dire que seul le haut de gamme est valable et que s’équiper à moindre coût implique bien souvent un deuxième achat qui rend l’investissement final bien plus lourd. C’est assez vrai. Ce qui semble une économie de prime à bord se révèle à la longue plus coûteux parce que vite remplacé.

Néanmoins, il convient de raison garder. Le plus cher n’est pas toujours le meilleur. On trouve même dans la pêche des produits de luxe. Là encore, je voudrais être bien compris, le luxe et le très haut de gamme ont leur place et celui qui en a la possibilité ne devrait pas avoir de scrupules à acquérir « le top » !! Dans le matériel de pêche on reste sur des sommes finalement modestes en comparaison d’autres hobby.

On l’aura compris, pour la plupart d’entre nous le but du jeu est de savoir différencier les produits nécessitant la meilleur qualité possible et ceux au contraire où plus simple suffit sans sacrifier efficacité et fonctionnalité. Les économistes appellent cela le « diminishing return » lorsque chaque euro rajouté au prix apporte moins de qualités supplémentaires que l’euro précédent. Pas besoin de se prendre la tête, let’s get started !

La canne :

Evidemment il est impossible de pêcher avec tous les swimbaits avec une seule canne. Les gammes sont très étendues, on va le voir plus tard, et une seule canne ne peut pas tout faire.

J’aurais tendance pour le moment à voir se dessiner deux catégories et donc 2 besoins de cannes.

D’abord il y a les swimbaits assez légers, comme un bon nombre de swimbaits japonais. Généralement en plastique, ils sont plus légers et un peu plus petits que les modèles californiens. Rentrent aussi dans cette catégorie les swimbaits souples de 4 à 7 inches. Pour tous ces leurres, une canne heavy dans la gamme standard des fabricants suffit. Il faut viser une puissance réelle maxi d’environ 2oz et demie. La longueur doit tourner autour de 7’. Cette canne peut faire double emploi avec un usage frog, heavy jig et même heavy spinnerbait. J’aurais plutôt tendance à prendre de la tresse mais je vais y revenir. Une action fast dans une gamme moyenne convient bien. Il est tout à fait possible de trouver des cannes aux environs de 150€ pour ce genre d’application.

Pour tous les autres Hard Swimbaits, de taille adulte, 8 à 10" soit environ 100 à 150 gr, il est nécessaire d’utiliser une vraie canne swimbait. La longueur est généralement supérieure à 8’, puissance maxi d’environ 4 à 5oz. Si on prévoit d’utiliser uniquement des swimbaits durs munis d’hameçons triples, il est tout à fait possible de choisir une canne assez bon marché avec une action assez lente. Un ferrage ample et puissant suffit et il n’est pas nécessaire de recourir à une canne très rapide. Le meilleur exemple est fourni pas les cannes swimbaits Okuma. Certes un peu lourdes, pas très rapides, ce sont de très bonnes lanceuses, très puissantes et très résistantes. Le talon est long, ce qui équilibre très bien la canne et qui permet des lancers à grande distance. C’est un avantage du bord ou en bateau, mais c’est à garder à l’esprit en cas d’usage depuis un float tube. La finition est un peu basique mais c’est suffisant et solide. Je conseille de retirer l’accroche leurre qui est mal foutu et qui peut accrocher le fil ou les mains. C’est un premier pas dans le monde des swimbaits pour pas cher et qui par la suite, si les besoins s’élargissent, trouvera sa place dans un arsenal plus complet sans être remisé dans un placard.

Si par contre on veut pêcher avec des leurres plus techniques, que ce soit en surface ou des Swimbaits souples, on ne peut pas se contenter très longtemps d’une Okuma.

J’ai pour ma part choisi une St Croix Legend Tournament et j’en suis très content. C’est une canne légère, très bien finie et qui elle aussi lance très bien. La poignée est un peu courte mais à l’usage je trouve ça très pratique. Cela me permet d’ouvrir une parenthèse : on donne toujours la longueur totale de la canne dans les catalogues des fabricants. Je trouve cette information incomplète. Même si la longueur de la poignée à son importance, c’est la longueur au-delà du moulinet qui compte vraiment dans l’action de pêche. Deux cannes de même longueur vont avoir un comportement très différent si le moulinet n’est pas placé au même endroit. C’est à garder à l’esprit au moment d’acheter une canne.

D’autres marques proposent bien sûr des produits équivalents. Cependant, le choix demeure tout de même limité, beaucoup de cannes swimbaits mesurent 9’ ce qui est tout de même assez long. Les marques les plus réputées sont bien sûr St Croix, Gloomis, POWELL , Dobyns.

Il faut compter pour ce genre de canne environ 200 à 350€. Quand on pêche une journée entière on apprécie bien vite le poids réduit d’une canne de qualité. Mais c’est surtout au niveau de la sensibilité et de la capacité à transmettre un ferrage qui agrafe bien le poisson que la différence se fait sentir.

Il y a une parenthèse à rajouter. Je vois beaucoup de pêcheurs employer une canne plus destinée au jerkbait. Les puissances étant équivalentes, ça peut être tentant. Ceci dit si on en a déjà une, cela peut dépanner pour commencer et limiter les frais. La confusion vient aussi de l’usage un peu trop facile du mot bigbait. Comme j’ai eu l’occasion de la dire, big ne veut rien dire. Un bigbait pour la perche n’est pas la même chose qu’un bigbait pour le brochet. Les cannes destiné au jerkbaits sont généralement courtes, moins de 7’ et sont très raides. Cela s’explique très bien, un jerkbait se lance bien mieux qu’un swimbait mais demande une animation très sèche et rapide canne basse. Les ferrages sont facilités par un emploi systématique de tresse. C’est en fait tout l’inverse de la pêche aux swimbaits.

Le fil:

Comme je le disais à l’instant, beaucoup de pêcheurs emploient leur ensemble jerkbait pour le swimbait. De part leur équipement existant et leurs habitudes, ils ont naturellement tendance à passer en tresse tout de suite. Je voudrais leur déconseiller l’usage de la tresse. Il existe de nombreuses raisons à cela, mais il y a une qui est suffisante en soit pour emporter la décision. Un swimbait ne résiste que très peu à la récupération, à l’inverse d’un crankbait ou d’une spinnerbait par exemple. Du coup assez rapidement le fil va être enroulé assez lâche sur le moulinet. Tôt ou tard une boucle va se former. Au lancé, le fil va se bloquer dans la boucle. Le leurre pesant plus de 100gr, lancé à pleine vitesse et c’est la casse assurée ! Peu importe la taille de la tresse. Un swimbait moyen coûtant environ 80€, c’est une perte assez considérable ! En général il y a deux types de pêcheurs, ceux à qui c’est arrivé et qui pêchent en nylon et ceux qui sont encore plein d’illusions !

Je serais assez prudent quand à l’usage du fluorocarbone. Ce dernier supporte mal la moindre petite boucle et peut se casser facilement s’il est marqué. De plus, en gros diamètre c’est vraiment trop raide. Reste les bons vieux nylons et copolymères. J’utilise pour le moment le polyvillon en 45/100éme et j’en suis très content. Pour le diamètre, beaucoup d’américains emploient du 25lbs. Ca me parait tout de même assez léger. Je préfère 30lbs. Parmi les plus populaires, on trouve le Triple Fish et j’emplois aussi du Machine Gun Cast 30lbs.

La tresse n’est pas à bannir systématiquement. Pour les swimbaits souples et les swimbaits durs de petite taille, j’emploie de la tresse. Pour les souples, c’est un avantage non-négligeable. De plus comme cet ensemble sert aussi pour la frog, je suis forcé d’avoir de la tresse. Pour cela, je recommande la Sufix Performance Braid en 65lbs. C’est une vraie tresse ronde très serrée bien supérieure à mon goût à la Power Pro (qui fonctionne très bien aussi). Il est parfaitement possible de prendre plus fin comme 50lbs. Mais je ne vois pas bien le bénéfice.

Le moulinet :

Pour une fois, pas beaucoup d’importance pour le moulinet. Bien sûr, l’idéal c’est le Calcutta 301. Je trouve ça très cher. Il est aussi possible de prendre un Curado 301. Il y a aussi les nouveaux Revo Toro. J’ai pour ma part opté pour un Corvalus, c’est super pas cher et pour le moment ça marche impeccable. Pour l’ensemble léger, j’ai un Curado B qui suffit amplement. Rien de bien sexy, mais le budget est passé ailleurs.

Le petit matériel :

Pour la pêche du brochet, ce n’est pas un scoop, il faut protéger ses bas de ligne. Depuis maintenant quelques années, je prends du fluorocarbone en gros diamètre. Pour le moment j’emploie du 70lbs Varivas. C’est le minimum, il est possible de prendre plus gros. Pour un usage avec du nylon, je mets un émerillon baril big game 90lbs d’un côté et une agrafe cross snap 90lbs aussi. La marque n’est pas très importante, Decoy, Berkley, Power Line le choix ne manque pas. Par contre j’utilise uniquement des model cross snap qui sont je crois la seule forme d’agrafe valable. Le FC est sleevé avec des petits sleeves double 1mm. Avec de la tresse, je connecte directement le bas de ligne à la tresse avec un nœud allbright réalisé avec soin. D’autres nœuds sont possibles, mais ils doivent être aussi fins que possible pour passer dans les anneaux sans inconvénients. Utiliser du fluorocarbone comme bas de ligne est un choix qu’il faut faire en connaissance de cause. Ce matériau ne protège pas à 100%. Pour une meilleure protection, il faut de l’acier.

Certains leurres nécessitent de changer les hameçons ou simplement remplacer les hameçons usés. Pour tous les swimbaits durs, je prends des Owners ST 36 en 2/0 la plus part du temps. Ils sont assez forts de fer pour être bien assez résistants, mais pas trop pour piquer assez facilement. Pour les leurres souples comme les Osprey, je préfère les Gamakatsu 4x parce qu’ils ont la hampe de l’hameçon plus longue. De plus le système Magic Eye permet de les placer sur des anneaux brisés sans devoir utiliser une pince. Je crois qu’il ne faut pas faire d’économies sur les hameçons, ils doivent être très solides et très piquants. Tout hameçon même un peu abimé est à remplacer tout de suite, je n’aiguise jamais d’hameçon.