Crankbait, le mal aimé!

Publié le par Renaud

Je voudrais cette fois m’intéresser à un leurre qui d’après plusieurs professionnels de la pêche se vend très mal en France. Et d’ailleurs, dans une large mesure je fais parti des tièdes du crankbait puisque ce n’est certainement pas le leurre dans lequel j’ai le plus d’expertise. Mais j’ai eu l’occasion quelques fois pendant mon séjour aux Etats-Unis de partager le bateau avec de vrais artistes du crankbait. Du coup, plutôt que de faire un article  « tout savoir sur … » comme j’avais fait avec le jig, je vais plutôt décrire quelques patterns qui fonctionnent pour moi.


crankbaitbox

 

Comme toujours je vais m’efforcer de m’affranchir du cadre rigide des règles établies en la matière. Et pour rentrer dans le vif du sujet, on présente toujours le crankbait comme un leurre ayant pour seul mission d’aller creuser un sillon dans le fond en dégageant ce fameux petit nuage de poussière comme un cowboy dans un film de Sergio Leone. On imagine volontiers ce petit crankbait qui sautille de cailloux en rocher, qui passe sur une petite souche et hop un gros bass le chope au passage ! Il y a plein de vidéos qui montrent exactement ça. Mais en pratique, ce n’est pas aussi clean, il faut parfaitement positionner le bateau, du bord c’est à peu prés impossible, il faut choisir son leurre avec très peu de marge d’erreur et cela demande une concentration de chaque instant. Mais clairement, c’est efficace, celui qui maitrise la technique parfaitement peu peigner rapidement de grandes superficies et en sortir chaque poisson actif. Cette seule technique a permis à plusieurs pros américains de construire leur carrière presque exclusivement dessus. Le légendaire Rick Clunn par exemple a su faire fortune presque uniquement en pêchant au crankbait.

 

Mais ce pattern est connu, je le pratique peu, et je laisse le sujet à ceux qui le connaissent bien mieux ! Ce dont on parle moins est la capacité des crankbaits à pêcher loin du fond. Ces leurres sont parfaitement capables de pêcher efficacement dans la colonne d’eau. Voici quelques patterns qui ont fonctionnés pour moi :

 

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Crankbait dans le bois

Beaucoup de pêcheurs abordent le bois immergé avec un jig ou une spinnerbait, et à juste titre. Mais trop employé le spinnerbait s’use vite dans un lac, les poissons apprennent. Quand au jig, il n’est pas forcément assez rapide pour trouver les secteurs plus habités que d’autres. Le crankbait offre une alternative efficace et rapide pour faire quelque recherche afin de trouver les poissons. D’ailleurs après la capture d’un poisson je fouille la zone avec un leurre souple ou un jig.

2 square

Lucky Craft RC 1.5 colori custom et Bandit Footloose

Pour pêcher dans le bois mort, il faut choisir des crankbaits avec une bavette assez large, plus large que le corps. Le leurre doit être capable de remonter rapidement grâce à une bonne flottaison. Pour choisir son leurre, il faut déterminer la profondeur moyenne à laquelle se trouvent les branches et prendre un crankbait qui va simplement à ce niveau. On pourrait être tenté de prendre un leurre qui va jusqu’au fond en pensant : « qui peut le plus peut le moins ». C’est vrai en un sens, mais je n’aime pas faire ça. Je pense qu’un leurre qui plonge très fort à deux inconvénients majeurs : La présentation presque verticale du leurre n’est pas aussi naturelle qu’un leurre plus horizontal ; mais surtout il va passer trop en force sur des branches loin du fond. En anglais on dit ‘overpowering’, sorte de surpuissance inutile et contre productive. Donc par exemple, je veux pêcher une zone de 6m de fond avec des branches qui monte jusqu'à 1m sous la surface. Dans ce cas, je vais choisir un leurre capable de descendre à 1m50 ou 2m maxi. Pour tout dire, c’est le domaine de prédilection des squares bill. Ce fameux leurre est l’outil de la brillante victoire de KVD au dernier classic avec son Strike King KVD HC Silent Square Bill crankbait. Dans la même veine on retrouve parmi mes favoris : Lucky Craft RC 1.5 (jamais distribué en France et retiré du marché aux USA), Bandit 200, Xcalibur XCS Square lip silent (dispo chez décathlon) et quelques autres.

square bill

Bagley Killer B2, LC RC1.5, Cordell Big O, Bandit Footloose, LC RC 1.5, Xcalibur XCS

 

chevesnecrank

 

Attention, il ne faut pas les confondre avec des wakebaits, ces crankbaits qui restent juste sous la surface. Ce qui a de remarquable justement avec ces squares bills c’est que malgré une petite bavette, ils descendent aisément à 1m50 voir plus sur un long lancé.

La présentation est assez simple, il suffit d’entrer en contacte aussi souvent que possible avec les branches mais sans pour autant leur foncer dedans trop brutalement. L’important est surtout de placer son bateau de façon à ce que le leurre reste le plus longtemps possible au contacte du bois. Ce qui est remarquable c’est que la plus part des attaques visibles montre que le poisson, bass, perche ou brochet, attaque par en dessous et donc est monté chercher un leurre qui est passé plus haut que lui. Ca en dit long sur l’attractivité d’un crankbait comparé à d’autres leurres. Pour ce genre de pêche, je préfère employer la même canne que j’emploi pour les montages texans : ma Powell 703 CEF. Ce n’est pas orthodoxe d’employer une canne extra-fast pour un crankbait mais cette pêche demande beaucoup de précision : dans le lancé et dans la conduite du leurre. Je suis conscient que ça me coute parfois en décroché mais je pense que j’ai plus de touches en maitrisant au mieux mon crankbait.

 

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Cedar Poe's 300

Ultra shallow waking

A certains moments de l’année, on trouve dans poissons, bass, brochets et chevesne dans des secteurs qui semblent n’avoir que quelques centimètres d’eau. Dans le fond des criques, sur des plages de sables, dans des roselières etc.. Ces postes sont souvent ignorés par les pêcheurs en quête de postes plus conventionnels. Bien qu’un leurre de surface soit le choix naturel, il est fréquent que les poissons préfèrent un leurre juste sous la surface. Généralement je préfère des leurres assez petits pour limiter le bruit lorsque le leurre arrive dans l’eau. Pour gagner en volume j’aime bien que le triple de queue soit enrichi de quelques plumes.

wake

Lucky Craft GDS

La seul contrainte de cette pêche tient surtout dans la discrétion et la précision des lancés. D’ailleurs bien souvent le pêcheur du bord à un vrai avantage puisqu’il peut lancer au loin et ramener les poissons sur la rive. J’utilise principalement un Lucky Craft GDS Mini SSR ou un Mann’s baby 1-Minus. C’est leurres sont bruyants mais ils gagnent bien souvent à être ramenés discrètement sous la surface ce qui atténue quelque peu le bruit. Attention, ici encore on peut être tenté par une récupération brutale et rapide. C’est parfois valable mais les gros poissons se feront plus souvent prendre sur une récupération lente et subtile mais qui laisse quand même un sillage en surface.

Il est également possible d’employer un petit wakebait sous des frondaisons, sous des pontons ou en bordure d’enrochement. Cela demande un matériel léger et une certaine dextérité pour placer son leurre juste au bon endroit. Les pêcheurs de chevaines savent bien de quoi je parle mais ça marche aussi sur le brochet et le bass.

 

Bordure d’herbier

La fameuse grass line dans la littérature pêche américaine. Cette ligne est simplement la limite entre un herbier et l’eau libre. Beaucoup de pêcheurs emplois des lipless qui sont c’est vrai redoutable dans cette configuration. Mais ils sont encore une fois souvent trop brutaux et pour des plus gros poissons je préfère un simple crankbait. Ici encore, le plus difficile consiste à positionner le bateau le long de l’herbier et faire des lancés parallèles.  Il n’est pas nécessaire de choisir un leurre qui descend jusqu’au fond souvent encombré par des débris de végétations en décomposition. Généralement, si mon leurre descend au 2/3 de la profondeur totale je suis satisfait. Mon leurre favori est le Bomber Model A en taille 6A ou 5A. Sa bavette pointue et sa nage serrée est juste idéale pour cette application. Un Bevy Shad fonctionne aussi ou tout autre crankbait avec un profil un peu effilé.

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La gamme presque compléte des Bomber Model A, le plus petit est meurtrier sur les chevesnes!!

Si le leurre accroche une herbe, un petit ferrage suffit à couper le brin végétal et libérer le leurre. Ce geste est bien connu des utilisateurs de lipless mais fonctionne aussi avec les crankbait à bavettes pointues. Bien évidemment ce changement de rythme déclenche l’attaque d’un poisson suiveur. C’est également la raison pour laquelle il peut être judicieux de pêcher avec de la tresse pour ce genre d’application. Il y a du pour et du contre et c’est à chacun d’arbitrer. Je pense que je ne le ferais pas !

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La pleine eau

Remarquablement, c’est en pleine eau que j’ai eu les meilleurs résultats avec des crankbaits. Du moins peut-être pas les meilleurs en terme du nombre de poissons, ceux qui ont craqués dans les bois mort sont trop nombreux, mais plutôt les prises les plus valorisantes. En fait je parle ici de cibler des poissons suspendu en pleine eau généralement à proximité d’une concentration de poissons fourrage. En théorie, ces poissons sont difficiles à localiser mais facile à prendre. La méthode la plus conventionnel consiste à repérer les poissons fourrages soit à vue soit au sondeur, et de chercher en dessous encore avec le sondeur les carnassiers suspendu en dessous. Ensuite il « suffit » de faire descendre une jigging spoon, un leurre souple ou une blade ou similaire. Ces techniques sont excellentes si toutes les étapes précédentes ont été franchies avec succès. De plus, tout ceci est très bon si les poissons fourrages sont déjà sous 3m d’eau et ne vont pas être effrayé par un bateau qui zigzag au dessus de leur tête. Et je compte pour rien les pulsations des échosondeurs puissants qui équipent beaucoup de bateaux. C’est pourquoi, dans bien des cas je préfère rester en retrait de la tenue possible des poissons et la visiter avec mon leurre. Les longs bills minnow sont aussi une solution valable mais je préfère un crankbait. Tout d’abord j’ai le choix de pêcher à différentes profondeurs en passant d’un model à l’autre. Un leurre flottant me permet également de peigner véritablement une couche d’eau en faisant quelques pauses. Enfin, j’ai la possibilité de pêcher avec un crankbait silencieux. Je reviendrais plus loin sur le sujet.

Bien évidemment, il n’y a rien comme obstacle à rencontrer, c’est l’inconvénient d’utiliser un crankbait qui par ailleurs brille au contacte fréquent. Il faut donc simuler des choques en donnant de temps en temps un petit mouvement dans la canne. Il faut aussi changer le rythme et faire des pauses plus ou moins longues. J’aime bien un crankbait qui remonte très lentement pour pouvoir à la fois descendre plus profond et supporter des bonnes pauses sans remonter trop haut. A ce chapitre, il est possible pendant une pause de limiter quelque peu la remontée du leurre simplement en continuant de tourner la manivelle à une vitesse d’escargot. Cela maintient de la pression sur la bavette en la gardant à l’horizontal sans déplacement en avant réel. De plus, une attaque à ce moment là sera mieux détectée sur un fil en légère tension.

flat crankbait

Flat crankbaits Mimic Lures

Je préfère ici les crankbaits à face plate, les flat crankbaits. Ils ont une ondulation plus serrée et rapide, à bavette égale ils ont aussi tendance à descendre plus profond. Si le leurre d’origine est bruiteur, je le rends silencieux. (Explication en fin d’article)

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3 Bandit 200 dont deux avec des coloris custom et un Strike King Serie 3 Silent

Tous les leurres ne sont pas égaux, y compris dans la même série et dans la même marque. Certains leurres peuvent avoir de petits défauts de fabrication ou alors une variation de densité dans le bois. Ces leurres sont des pépites et sont également assez rare tant les contrôles qualités sont sérieux. On reconnaît ces trésors à leur nage qui va alors montrer une petite excentricité, une petite anomalie. Toute les 5 ou 6 vibrations par exemple le leurre semble rater un tour ou faire une petite incartade sur le coté. Ce simple petit défaut à peine décelable va multiplier l’efficacité du leurre. De même, certains leurres qui semblent franchement mal conçus vont se révéler plus efficace qu’une horlogerie suisse qui bat la mesure avec une précision surhumaine. Dans le jargon du cranking on parle de crankbaits qui chassent : ‘hunt’. C’est l’avantage de pêcher avec des leurres issus de petites productions.

sexy flatMes leurres préférés sont les crankbait en bois de fabrication artisanale américaine. Il y en a des dizaines si ce n’est pas des centaines, et ils ont tous ce type de leurres au catalogue. On en trouve également chez les grandes marques japonaises et américaines. Pour aller plus profond j’utilise les Excalibur Fat Free Shad, mais j’emplois aussi les Bandit 200, Strike King Serie 3 Silent, Spro Little John ou Rapala Shad Rap.

 

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Spro Little John, un excellent crankbait peu connu!

Le plus difficile est de savoir où pêcher ? Dans le meilleur des cas, le poisson fourrage est visible en surface. Dans ce cas j’approche du banc au moteur électrique juste assez proche pour voir jusqu'à quelle profondeur les blancs se trouvent. Je m’éloigne tranquillement et je choisis mon leurre de façon à passer juste sous le poisson fourrage.

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Strike King Serie 3 silent

Si rien n’est visible, je suis un peu forcé de pêcher en aveugle, de chercher les structures principales et les ratisser ainsi que leur périphérie. Cette pêche est assez rapide et permet de visiter de nombreux endroits en peu de temps. En principe ces poissons suspendus sont assez peu sollicité et se sentent en sécurité donc réagissent positivement à notre proposition ! Ca ne vous est jamais arrivé d’emmener un débutant pêcher ? Bien souvent il lance là où c’est facile et sans accro et donc en pleine eau. Tôt ou tard, le mec finit toujours par agrafer un poisson à l’endroit le plus improbable. Avec un peu de jugement on peut faire la même chose mais en augmentant nos chances en pêchant à proximité des zones ayant des tenues de poissons connues.

 

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Pitching

Voilà la dernière présentation, qui je dois bien l’avouer est à la limite de l’usage possible des crankbaits. En fait j’ai découvert cette méthode un peu par accident. A force de ne rien trouver en pleine eau, j’ai un jour succombé à l’appel des postes de bordure et insensiblement le bateau s’est rapproché de la rive et les lancés ont raccourcis. J’ai alors découvert qu’il est possible d’employer un crankbait à peu prés comme un jig. La méthode consiste simplement à saturer la bordure avec des pitchs en direction des postes visibles. Cette pêche est différente de la 1ére technique dans le sens où je ne ratisse pas de grandes étendues couvertes de végétations éparses mais plutôt peigner la rive y compris avec des pitching au cœur de la végétation. En fait il sera plus juste de comparer cette pêche avec l’usage le plus courant des spinerbaits. Ici encore, le choix du leurre est essentiel. Tous les crankbaits sont capable de fonctionner dans ces situations. Le premier critère est de trouver un leurre assez dense et compacte pour pouvoir être lancé efficacement et discrètement sur une cible très précise. Je préfère aussi un leurre ayant une assez longue bavette. Elle protège mon leurre des accros et me permet de gagner rapidement une profondeur conséquente même sur un lancé très court. Généralement je veux que mon leurre atteigne facilement la limite de visibilité dans l’eau. Donc dans une eau très trouble un square bill peut suffire mais dans la plus part des conditions je garde un Fat Free Shad ou un Norman Deep Little N.

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Norman Deep Little N et Xcalibur Fat Free Shad, la référence en deep crankbait! (colori custom)

Ce pattern demande une certaine dextérité de la part du pêcheur dans le lancé et la conduite du leurre. Mais dans ce type de postes les poissons ont rarement l’occasion de voir un crankbait et les plus gros poissons sont ceux qui réagissent le mieux. Attention aussi à manipuler le leurre avec précaution au moment du lancé, un crankbait ne se tient pas comme un jig !

 

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Ce poisson a pris le crankbait ci-dessus. Leurre artisanal américain.

Bruyant ou silencieux ?

La question ne cesse de diviser les avis depuis des années. Il n’y a pas de réponse permanente. Chaque situation demande une nouvelle réflexion de notre part. Ma philosophie avec les jig est ‘dans le doute, mets un rattle’, avec le crankbait c’est ‘dans le doute, n’en mets pas’ ! Un jig est par définition un leurre aux mouvements aléatoires et un rattle fera un bruit également aléatoire. Un crankbait est mécanique et sauf action de notre part il produit un son régulier. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il faut être particulièrement vigilant avec les crankbaits bruiteurs pour ne pas tomber dans la routine et casser le rythme très souvent.

Lorsque je pêche dans le bois mort, je choisis un rattle dans l’eau trouble et un leurre silencieux dans de l’eau claire. Si je vois le fond, je mets automatiquement un leurre silencieux. Par chance, la grosse mode des squares bill est de les faire silencieux.

 

Il y a un autre détail, qui n’en est en fait pas un ! Dans les crankbaits bruiteurs, je veux distinguer les leurres avec juste une bille assez grosse, on appel ça dans le jargon un ‘one knocker’, et crankbait rempli de petites billes. Alors là, je marque une pause : je tiens à préciser que ce qui suit est juste mon avis mais beaucoup de très bons pêcheurs auront un avis tout autre. Et il n’y a pas tellement de vrai ou faux.

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La bille unique, le one knocker : OK ! Sauf pour les lipless, le véritable hochet moi j’ai abandonné. J’ai sous les yeux un Lucky Craft CB 350 transparent : il y a 27 billes dans 7 chambres différentes. Il y a deux grosses billes en tête pour équilibrer le leurre et une quantité de petites billes en aciers, de deux diamètres différents, des billes en verre, seules ou mélangées avec des billes en acier. On va me dire que ce leurre prend du poisson, et ça m’est arrivé aussi, mais très franchement au jour d’aujourd’hui j’ai du mal à pêcher avec ce genre de maracas. Bien sur ça peut prendre du poisson, mais je doute que je puisse prendre beaucoup de gros poissons à l’exception de grosses perches.

Pour la pêche avec les wakebaits, je n’hésite pas non plus à choisir des leurres bruiteurs étant camouflés en quelque sorte par les remous de surface. Je suppose qu’a proximité d’herbiers, un peu de bruit peut jouer un rôle positif. Mais je ne pense pas que ce soit indispensable.

 

 

Pour rendre silencieux un leurre bruiteur (de type one knocker) il suffit de coller la bille en place avec de la super glue. Pour cela je commence par localiser la bille avec un petit aimant assez puissant. A condition que la bille soit en acier (c’est en général le cas) l’aimant va venir de lui-même se plaquer en face de la bille. En fonction du leurre c’est généralement juste devant ou derrière l’hameçon ventral. Il suffit ensuite de percer un petit trou avec une mèche de 2mm juste au milieu  sous le ventre du leurre. La bille est en principe visible par le trou. Il faut ensuite faire tomber quelque goutes de colle par le trou et vite remettre le leurre le ventre en bas pour que la bille viennent bien se coller en bas de son logement et boucher le trou. Une fois que la colle est complètement prise il ne reste plus qu’a boucher le trou avec de l’araldite. Et voilà !

 

Quelques informations en vrac pour qui débute dans le cranking :

  • La profondeur maxi que peut atteindre un crankbait dépend de la longueur du lancé et du diamètre du fil. En effet, plus il est fin et plus un crankbait descend profondément, ceci sans restriction ni exception. D’une manière général on peut compter 30cm pour chaque diminution de taille (si mon leurre descend à 1m en 12lbs il pourra aller à 1m30 avec du 10lbs). Plus un lancé est long et plus un crankbait pêche profond. Ceci bien entendu dans la limite de capacité du crankbait et plus le leurre est grand plongeur et plus il a besoin de distance pour s’exprimer correctement.
  • Un crankbait ne descend pas plus profond si on mouline comme un fou sur les premiers mètres. En fait, il descend un peu moins vite puisque le fil n’a pas le temps de suivre et freine davantage le leurre. Il est bien préférable de commencer sa récupération à la vitesse de croisière.
  • Certains suggèrent de retirer l’anneau brisé si on souhaite employer une agrafe.  Oui j’emplois souvent une agrafe, et non je ne retire pas l’anneau brisée. Je n’en vois pas l’utilité. Sois disant le leurre serait ‘trop libre’ !! La Liberté ne vient jamais en excès !
  • Les fabricants (surtout américains) proposent leurs crankbaits dans une variété vertigineuse de coloris. Et même si je pense vraiment que la couleur est assez importante, j’ai simplifié mon approche en sélectionnant mes leurres dans 3 grandes catégories : écrevisse, poisson naturel, et naturel augmenté. J’ai assez peu de leurres écrevisses mais je pense qu’il est important d’en avoir quelques-uns. sexy flatPoisson naturel est assez explicite, je choisis des coloris aussi proche du naturel que possible. Par naturel augmenté, j’entends des coloris qui restent sur la base de l’imitation réaliste mais avec un petit détail chartreuse ou violet ou une autre couleur flashy. Parmis ces coloris on retrouve les classiques Sexy Shad, Lavender Shad, ou Citrus Shad.
  • On peut deviner l’action d’un leurre juste à sa bavette. Plus elle est longue et plus le crankbait plonge profondément. Plus elle forme un angle avec le corps et moins le leurre descend. On distingue 3 matériaux dans les bavettes de crankbaits : les leurres en plastique moulés industriels ont une bavette en polycarbonate de la même matière que le corps du leurre. C’est ce qu’on retrouve dans la majorité des leurres. Les crankbaits en bois ont automatiquement une bavette rajoutée qui peut être soit en Lexan (plastique épais transparent) soit  en ‘circuit board’ (matière identique aux circuits imprimés utilisés en électronique). Ces dernières sont opaques et fines. Elles ont l’avantage de descendre plus profondément grâce à leur bord d’attaque plus fin.

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Japan Vs USA

Vous avez sans doute remarqué au fil de cet article une certaine préférence de ma part envers les crankbaits de marques américaines. Cela s’explique par mon parcours de pêcheurs qui a commencé avant l’invasion du marché français par les marques japonaises et continué dans les lacs du Midwest américains. Mais ce n’est pas la seule explication. Même si force est de constaté la valeur et l’investissement des ingénieurs japonais, on ne me fera pas croire qu’un leurre en plastique injecté en Chine pour une marque japonaise est 3 fois supérieur à un crankbait injecté au Mexique pour une marque américaines. Or le leurre japonais coute souvent 3 fois plus cher. Je veux bien payer un premium pour des leurres en bois fait main, mais pour du leurre de grande série je ne vois pas l’intérêt. Je ne crois pas non plus à la valeur concrète d’une coloration (je n’ose pas dire peinture) qui fait appel aux plus hautes technologies. Les carnassiers ne viennent pas inspecter la forme de la pupille de l’œil de leurs proies potentielles. Et même si la tendance est peut-être entrain de s’inverser, nombre de leurres japonais sont remplis à ras la gueule de billes de toutes tailles. Je crois dans les leurres simples, avec un système bruiteur simple, un coloris simple pour un leurre simple à pêcher, et à perdre aussi parfois !

Ceci dit, j’ai aussi quelques leurres de marques japonaises qui fonctionnent très bien. Il faut avoir confiance dans un leurre et si pour acquérir cette confiance il vous est nécessaire de craquer un billet de 20€, surtout ne vous gênez pas pour moi ! Merci d’avoir lu jusqu’ici, les commentaires et les critiques sont souhaités !

bush.jpg

 

La plus part des coloris custom présentés dans cet article ont été réalisés par Barry Weaver, voir son site.

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L
Super article comme c'est votre habitude. Je suis à la recherche de différents modèles de crank dont la qualité première serait la distance de lancer, et d'un poids supérieure à 20 grs (pas de limite supérieure). Je pêche essentiellement en Loire et le plus souvent mon crank "descend" le courant. Pour le moment le Mascle Deep 4+ et l'Imakatsu me conviennent. Pourriez-vous m'indiquer des équivalents US chez Mann's, Strike King ou autre. Contrairement à ce que vous décrivez je pêche essentiellement en "bottom tapping". <br /> Hors du sujet de cet article je tiens à vous dire que c'est grâce à vous que je me suis lancé dans l'aventure du casting pour les "gros" leurres avec un budget contenu. Merci.
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J
fort intéressant pour ma part je pêche en canal le canal de caen à la mer ou les poissons &quot;bars,sandres,perches,sans doutes quelques brochets&quot; sont bien présent et obligation de pêcher du bord la pêche en bateau à été interdite bien dommage et obligation de peigner l'eau,je cherché des information sur les leurres bruiteurs j'ai trouvé d'autres infos avec les crankbaits merci encore....
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S
Your blog made me remember of my school vacation where I go for fishing with my friends. Fishermen adapt many techniques while on their fishing. I think this is infact rare type of technique and it sounds nice.
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F
Très en retard, cet article m'avait échappé. A moins que je l'ai volontairement zappé à sa sortie. Car comme tu le dis, le crank souffre de beaucoup de maux injustifiés en France.<br /> Bref, je signe, la cranking (Powell évidemment!) est en route avec quelques<br /> leurres cités plus haut.<br /> Les bass toulousains n'en voient pas souvent passé. J'espère tirer mon épingle du jeu, après le nécessaire apprentissage.<br /> <br /> Excellent article. Comme tu le dis, on peut être d'accord ou non avec toi mais on ne peut pas te reprocher ton manque d'argumentation. Continue et merci.
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S
Très bon article, très complet qui m'a appris plein de choses. Merci renaud
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